Des élus de la MRC du Domaine-du-Roy réclament des comptes et des investissements de la part de Rio Tinto pour les dommages et inconvénients causés par les inondations autour du lac Saint-Jean.
« Je crois que c’est à Rio Tinto à payer pour les frais que la municipalité a engagés pour protéger nos citoyens. Nous avons déployé des équipes de pompiers et des Travaux publics pour essayer de réduire les dommages causés aux berges. Je ne crois pas que c’est à la municipalité de payer pour ça, on n’est pas responsable », lance le maire de Saint-Félicien, Luc Gibbons.
Ce dernier n’avait pas le montant exact des diverses interventions, dont les nombreux voyages de camion de sable. « Les gens sont aussi laissés à eux même. Plusieurs ont du gros nettoyage à faire sur leur berge. Ce sont encore des inconvénients. »
« C’est la grande question ! Qui va payer pour les frais, ajoute pour sa part le maire de Roberval, Serge Bergeron. Nous sommes à comptabiliser combien ça va nous couter en équipements et en ressources humaines ensuite on va s’adresser à Rio Tinto et au gouvernement. »
Un autre aspect dérange Luc Gibbons. « Qu’est-ce qui va se passer pour les assurances des gens ? Elles risquent d’augmenter et ça risque aussi d’augmenter pour les gens qui n’ont pas été touchés par les inondations et peut-être même pour l’ensemble de la ville. Ça aussi c’est un impact à considérer. »
C’est pour toutes ces raisons que le maire a interpellé ses homologues afin de rencontrer Rio Tinto et faire pression pour obtenir des dédommagements.
Rio Tinto doit agir
Les réclamations ne s’arrêtent pas là. Pour sa part, le préfet de la MRC, Yanick Baillargeon, croit qu’il est temps que l’entreprise investisse dans la région.
« À qui profitent les revenus en électricité de la centrale ? On n’a pas notre part du gâteau. La compagnie devrait investir dans ses usines », demande-t-il.
Luc Gibbons ajoute que le haut du lac ne profite pas de la présence de Rio Tinto. « Les revenus de taxation sont principalement à Saguenay et au Lac, seulement à Alma, alors que c’est nos rivières et le lac qui permettent à Rio Tinto d’obtenir des revenus des barrages. »
Pour ce qui est de la gestion du niveau du lac, les politiciens se posent aussi des questions. « Oui, nous avons eu des circonstances exceptionnelles, mais est-ce qu’ils auraient pu mieux prévoir et ouvrir les pelles avant ? Nos citoyens ont des questions, c’est normal de les adresser à Rio Tinto. Il reste des zones d’ombre », affirme le préfet.
Comme les épisodes de météo extrême risquent de se répéter, les élus veulent que Rio Tinto trouve des solutions pour que la gestion soit plus sécuritaire dans le futur.
« Comme ça risque de se reproduire dans le futur et que les infrastructures de Rio Tinto sont peut-être désuètes pour faire face aux changements climatiques, il y aurait lieu qu’ils se penchent sur la question et réalisent des améliorations pour mieux gérer l’impondérable », souligne Serge Bergeron.
Pour sa part, le maire de Chambord veut revoir certains éléments du décret sur la gestion du lac Saint-Jean.
« Je crois qu’il faut reconsidérer le niveau de 16,5 pieds au printemps. Il faudra discuter avec Rio Tinto car les riverains sont inquiets et il y a de l’incompréhension. Plusieurs ont vécu des moments d’angoisse, car ils craignaient pour leur propriété. Ils ne veulent plus revivre ça, surtout qu’ils ont vécu des inondations en 2017. Cette année, on a évité le pire, mais ça aurait pu être catastrophique. »