Chroniques

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Pourquoi tu fais des enfants?

Le 20 mars 2025 — Modifié à 07 h 00 min le 20 mars 2025
Par Alexandra Gilbert-Boutros

Il y a quelque chose qui me reste dans la tête depuis quelques semaines, qui revient en boucle et qui me tracasse plus que la politique. J’ai eu une discussion récemment sur l’état de l’enfance, ou plutôt de sa dégradation depuis les dernières années. L’enfance avec un grand E. Ce n’est pas anecdotique, les enseignantes d’expérience, on parle ici de dizaines d’années derrière la cravate, s’entendent pour dire que leurs classes ont changé. Moins d’attention, moins de culture générale, moins d’intérêt. On parle ici de groupes entiers incapables de se concentrer pendant un enseignement. 

Après quelques minutes, on les perd un à un, les yeux dans le vide, à gribouiller, à déranger le voisin, à se passer des notes. Nos enfants ne sont plus capables de se concentrer, nos enfants ne sont plus capables de se concentrer. Je répète pour que ça entre bien dans nos cerveaux d’adultes incapables de se concentrer. NOS ENFANTS NE SONT PLUS CAPABLES DE SE CONCENTRER. Nos enfants. Notre avenir. Ils ont de la difficulté à apprendre! Pas un pourcentage de la classe, pas un cas ou deux sur trente, la classe entière. L’exception est devenue celui ou celle qui reste focus sans substance. 

Ensuite, autre gros drapeau rouge. Les parents seraient de plus en plus désinvestis. Des parents qui ne retournent pas les appels, qui ne consultent pas les bulletins, qui lâchent prise sur des enjeux majeurs de leurs enfants. « Ah, ça fait longtemps qu’on a abandonné ça ». Pardon? 

Dans mon temps, c’était pas de même. C’est à cause de Tiktok. On élève une génération d’enfants roi. Ça, c’est les X qui se sont reproduits. Ça part. Théorie d’un, commentaire de l’autre, on bavasse, de toute façon c’est pas mes enfants, c’est pas chez moi, ça me concerne pas. Pardon?

J’ai l’air bienpensante, à moraliser les autres. Aveu, j’ai deux ados, ça regarde des réels, ça fait trop d’écrans, puis à mon grand (énorme) malheur, ça refuse de lire. Je me regarde aussi aller dans ma maison, avec la prunelle de mes yeux qui me voit être constamment sur mon cellulaire, courir d’une tâche à l’autre, être toujours pressée. Coudonc, pourquoi je les ai mis au monde? 

Quand, les yeux dans le beurre après avoir accouché, avec la plus grosse dose d’amour qui me parcourait les veines, le plus grand fix de l’histoire du monde, quand je les ai rencontrés, quel engagement ai-je pris? 

Faire des enfants, c’est plus que les aimer. Ça fait peur, c’est vertigineux et c’est difficile. C’est pas comme un hamster qui va peut-être prochainement mourir (d’une mort spectaculaire, comme tous les hamsters), ou un poisson rouge qu’on flushe. Sont là. Ils existent et ils ne grandiront pas tout seuls. Ils ne s’élèveront pas tout seuls. Et ce n’est pas le rôle de la garderie ou de l’école de les élever. 

Pourquoi t’as fait des enfants? Pas pour toi. Pour eux. Engage-toi.

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