Chroniques

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Voiture électrique : J’aimerais pourtant

Le 03 octobre 2024 — Modifié à 08 h 00 min le 03 octobre 2024
Par Roger Lemay

Je connais beaucoup de propriétaires de véhicules électriques, bien entendu. Ou hybrides. Je rêve de passer moi-même à l’électrique, mais il me faudra être convaincu au chapitre des deux questions qui me font encore peser sur le frein; l’autonomie et le prix. Selon certains, ce ne sont que des préjugés. Voyons ça de plus près.

Pour la première question, mon critère personnel demeure toujours le même depuis le début; la fameuse distance Saguenay-Montréal, aller-retour. Cette distance fait 900 kilomètres. Or pour la combler, aucun véhicule électrique n’a encore l’autonomie suffisante. Le réseau de bornes de recharge a beau s’améliorer, l’idée, c’est justement de ne pas avoir à s’arrêter à l’Étape en plein hiver, ou avoir à brancher son auto à Montréal pendant des heures sans pouvoir l’utiliser. 

C’est sans compter la saison froide. Selon Le Guide de l’Auto, qui cite l’Association des véhicules électriques du Québec, en hiver l’autonomie moyenne d’une voiture électrique baisse d’environ 25% à -15 degrés et de près de 50% à partir de -25 degrés. Bref si votre voiture affiche une autonomie de 400 kilomètres, celle-ci tombe à 200 par une froide journée hivernale. C’est un pensez-y-bien. 

Maintenant le prix. Les Bolt, Kona, Ioniq, Soul, rien n’est en bas de 45 000 dollars. Pensez-vous que tous les travailleurs ou retraités ont les moyens de payer ça ? Sérieux ? De plus, les incitatifs gouvernementaux sont à la veille de disparaître. Québec a annoncé une diminution progressive des montants de l'aide financière accordée pour l'acquisition de véhicules électriques à compter du 1er janvier prochain. Le programme prendra fin le 31 décembre 2026, ce qui n’est rien pour encourager les consommateurs. 

Heureusement, du côté de la technologie, elle avance à vitesse grand V, ce qui fera baisser les prix, l’électrification des transports étant la priorité de tous les gouvernements sans exception. Elle est même devenue source de conflit. 

La Chine tente par tous les moyens d’introduire (les verbes inonder ou infilter seraient plus appropriés) ses voitures électriques en Amérique du Nord, à coups de rabais pharaoniques. La petite chinoise Seagull se détaille à 13 000 dollars canadiens, mais Ottawa a bloqué son entrée, évoquant les pratiques commerciales malhonnêtes du gouvernement chinois. Les services de renseignements américains ont même découvert que ces véhicules étaient le résultat de travail forcé, notamment par les membres de la communauté persécutée des Ouïghours, dans la région du Xinjiang. Bref, c’est carrément une espèce de dumping pervers. 

Le gouvernement fédéral a des objectifs ambitieux, il impose que les voitures de tourisme à batterie représentent 20 % des ventes de véhicules neufs d’ici 2026. Ce pourcentage devra augmenter chaque année pour atteindre 60 % d’ici 2030, puis 100 % d’ici 2035 pour que le but visé soit atteint. 

Promis je participerai à l’effort de l’objectif zéro émission de carbone (et j’y participe déjà dans d’autres secteurs comme l’achat de nourriture locale) mais selon mes besoins en transport, ça ne peut pas être pour demain matin.

Encore que je ne demande qu’à être convaincu… 
 

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