Vendredi, 22 novembre 2024

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Enjeu économique # 1 au Québec

La pénurie de main-d’œuvre va faire mal jusqu’en 2034

Jean Tremblay
Le 18 avril 2024 — Modifié à 09 h 35 min le 18 avril 2024
Par Jean Tremblay - Journaliste

Sur dix personnes qui prennent leur retraite, seulement six viennent les remplacer. La région du Saguenay–Lac-Saint-Jean ne fait pas exception au reste de la province. Il s’agit de l’enjeu économique # 1 des entrepreneurs et la situation ne devrait pas s’améliorer avant 2034.

Tel est le constat de Karl Blackburn, président et chef de direction du Conseil du patronat du Québec qui a prononcé, au Château Roberval, le lundi 15 avril dernier, une conférence intitulée « Surmonter la pénurie de main-d’œuvre ». Plus de 100 personnes y ont assisté.

L’invité de la MRC du Domaine-du-Roy est formel : « Cette pénurie n’est pas survenue à la suite de la pandémie, mais plutôt par la courbe démographique du Québec. Elle est plus vieillissante ici qu’ailleurs. Elle ressemble à celle du Japon et de la Colombie-Britannique. »

Il rappelle qu’en 2017, le gouvernement du Québec avait procédé à une évaluation des besoins en main-d’œuvre.

« Pour remplacer les départs à la retraite, il faudrait entre 2017 et 2026, 1,4 million de travailleurs. »

De plus, en 2023, Québec a actualisé ces données. Une nouvelle évaluation démontre qu’entre 2023 à 2031, les besoins en main-d’œuvre seront de 1,6 million de personnes pour remplacer les gens qui prennent leur retraite.

Une jambette à Québec

Au passage, Karl Blackburn fustige le gouvernement du Québec. « J’aime rappeler à ceux avec qui je discute que contrairement à ce que le premier ministre affirme, lorsqu’il dit que la pénurie de main-d’œuvre est un beau problème… c’est loin de l’être. »

Il renchérit : « Un employeur sur deux refuse de beaux contrats parce qu’il n’a pas les employés nécessaires pour les réaliser. Près d’un employeur sur deux reporte ou annule des projets d’investissement parce qu’ils n’ont pas la main-d’œuvre requise pour les faire. »

Il souligne également que les pertes économiques reliées à cette pénurie de main-d’œuvre au Québec représentent des dizaines de milliards de dollars.

« Les manufacturiers et exportateurs du Québec ont procédé à une évaluation. Au cours des deux dernières années, ils ont perdu 18 milliards de dollars en pertes d’investissement reliées à la pénurie de main-d’œuvre. »

Provenance des nouveaux travailleurs

Les travailleurs qui rejoindront le marché du travail pour remplacer ceux qui prennent leur retraite proviendront dans une proportion de 50% d’étudiants qui terminent leurs études ou ceux qui y retournent pour rehausser leur compétence.

« 25% des nouveaux employés proviendront de personnes un peu plus éloignées du marché du travail comme les femmes, dans certains secteurs, les Premières Nations, ceux qui vivent avec des handicaps et des travailleurs expérimentés qui ont entre 60 et 69 ans. »

« Si on avait le même nombre de nouveaux emplois provenant des travailleurs de 60 à 69 ans que l’Ontario, ce serait entre 75 000 à 90 000 travailleurs de cette catégorie qui pourraient rejoindre nos entreprises. Finalement, l’autre 25% doit être comblé par les travailleurs étrangers », conclut Karl Blackburn.

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